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Rapports
 
Mission à Addis-Abeba, juillet-août 2009

Simon Imbert-Vier

L’objectif de cette mission, financée par le CFEE et l’ANR Frontafrique, était « de consulter les collections de l’Institute of Ethiopian Studies (IES), en particulier des récits de voyages du XIXe siècle » ainsi que de « retourner aux archives du chemin de fer, et y accéder à des documents ». J’ai séjourné à Addis Abeba entre le 20 juillet et le 20 août 2009.

Institute of Ethiopian Studies

J’ai décrit dans un rapport précédent la bibliothèque de l’IES. J’y ai consulté cette année principalement les récits laissés par des voyageurs ayant parcouru l’espace situé entre le golfe de Tadjoura au sens large (Assab, Tadjoura, Djibouti ou Zeila) et l’Awash – frontière du Shoa dès avant l’installation coloniale et jusqu’à 1993 au moins – entre 1839 et 1885 [1]. Ces voyages qui se sont déroulés en deux phases, vers 1840 puis autour de 1880, étaient portés par des projets bien différents. Les premiers, en apparence plus désintéressés, étaient surtout missionnaires et scientifiques ; les seconds étaient insérés dans des espérances coloniales.

Très détaillés, même si les points de vue sont orientés et que des lacunes subsistent dans les récits, ces textes constituent une source riche et cohérente. Je vais l’utiliser dans un premier temps pour préciser les itinéraires utilisés et y trouver des frontières, marquées en particulier par les changements de guides et d’allégeance des populations. Mais on y trouve aussi de nombreuses informations sur les régions traversées et leurs habitants, qui me seront utiles pour des études ultérieures.

J’ai consulté également d’autres récits, produits par des voyageurs qui n’ont pas traversé l’espace étudié mais sont passés sur ses franges. En particulier ceux de Lefebvre [2], Combes et Tamisier [3], Russel [4], Denis de Rivoyre [5] ou Bottego [6]. Enfin j’ai lu le récit par le capitaine Braca de son expédition dans la partie occidentale de la CFS en 1938 [7], et la narration du voyage de Nesbitt en « Dankalie » en 1927 [8].

Chemin de fer

En avril 2008, une mission d’Archivistes sans frontières (AsF) a transporté dans un lieu sûr, pour le moment en tout cas, la partie la plus menacée des archives du chemin de fer et en a effectué un récolement. Ces documents, qui représentent environ 50 m.l., se trouvent maintenant dans deux pièces d’un bâtiment administratif près de la gare, utilisées autrefois par le service juridique.

Avec une lettre d’introduction du Département d’Histoire de l’Université d’Addis Abeba (obtenue par Shiferaw Bekele, à qui venait d’être honteusement refusé un visa pour participer à un jury de thèse à Paris) et après la résolution de quelques problèmes logistiques – comme retrouver les clés des salles –, j’ai pu consulter ces documents quelques jours. J’ai principalement effectué des copies de dossiers qui me semblaient intéressants. J’ai ainsi relevé les procès-verbaux du Conseil d’administration de 1908 à 1960 (période « française », durant laquelle le président de la Compagnie est Charles Michel-Cote), des dossiers sur les emprises et des projets d’extension, des dossiers personnels d’anciens directeurs, des cartes, des documents sur l’urbanisation de Dire Dawa et Debre Zeit et concernant des stages de formation du personnel africain en France entre 1958 et 1962.
Il reste de nombreux documents à étudier dans ce fonds, en plus de ceux qui sont encore entreposés dans les caves de la gare d’Addis Abeba, ainsi qu’à Dire Dawa et à Djibouti, et qui ne sont pas inventoriés. De nouvelles missions d’AsF sont prévues pour sauvegarder cette documentation, qui devrait être transférée aux NALE selon la législation éthiopienne si le chemin de fer ne peut en assurer la conservation effective.

Conclusion

Comme prévu, cette mission m’a permis d’accéder en une fois à une documentation sinon dispersée en France et en Italie, en plus de documents originaux du chemin de fer. J’ai également pu approfondir mes contacts tant avec les universitaires éthiopiens qu’avec l’administration du chemin de fer.
Il me reste maintenant à traiter la masse documentaire réunie.


[1Dans l’ordre chronologique des voyages, il s’agit de
Isenberg (Karl Wilhelm), Krapf (Ludwig) [1843], Journals, London, Frank Cass & co, réed. 1968, 529 p.
Rochet d’Héricourt (C. F. Xavier) [1841], Voyage sur la côte orientale de la mer Rouge, dans le pays d’Adel et le Royaume de Choa, Paris, Arthus Bertrand, 439 p.
Harris (W. Cornwallis) [1844], The Highlands of Æthiopia, described during eighteen months’ residence of a British Embassy at the Christian Court of Shoa, London, 3 vol. (428, 430 & 436 p.)
Johnston (Charles) [1844], Travels in Southern Abyssinia, London, rééd. 1969, 2 vol.
Rochet d’Héricourt (C. F. Xavier) [1846], Second voyage sur les deux rives de la mer Rouge, dans le pays des Adels et le Royaume de Choa, Paris, Arthus Bertrand, 406 p.
Cecchi (Antonio) [1886], Da Zeila alle frontiere del Caffa, Roma, Società Geografica Italiana, 3 vol. [Cet auteur a aussi publié des articles séparés sur les Issas et les Afars]
Soleillet (Paul) [s. d. (1886)], Une exploration commerciale en Ethiopie, Paris, 318 p.
Antonelli (Pietro) [1883], « Il mio viaggio da Assab allo Scioa », Bolletino della Società geografica italiana, pp. 857-880
Dulio (Emilio) [1886-1888], « Dalla baia di Assab allo Scioa per l’Aussa », Cosmos, Torino, vol. 9, pp. 102-118, 163-172, 272-278 & 283-356
On peut y ajouter Borelli (Jules) [1890], Ethiopie méridionale, journal de mon voyage aux pays Amhara, Oromo et Sidama, Paris, 521p., disponible sur Gallica.
Certains de ces ouvrages se trouvent également à la bibliothèque du CFEE.

[2Lefebvre (Charles, Théophile) [1845-1851], Voyage en Abyssinie exécuté pendant les années 1839-1843, Paris, Arthus Bertrand, 6 vol.

[3Combes (Edmond), Tamisier (Maurice) [1843], Voyage en Abyssinie, dans le pays des Galla, de Choa et d’Ifat, Paris, 4 vol.

[4Russel (Stanislas) [1884], Une mission en Abyssinie et dans la mer Rouge (23 octobre 1859-7 mai 1860), Paris, Plon, 304 p.

[5Denis de Rivoyre (Barthélémy, Louis), [1880], Mer Rouge et Abyssinie, Paris, Plon, 308 p.
- [1883], Obock, Mascate, Couchire, Bassorah, Paris, Plon, 292 p.
- [s.d. (1887)], Les Français à Obock, Paris, 240 p.

[6Bottego (Vittorio) [1892], Nella terra dei Danakil, Roma, Società geographica italiana, 32 p. + 1 carte

[7Braca (Giovanni), Comolli (Renzo) [1939], « La Dancalia meridionale », Gli Annali dell Africa italiana, Roma, anno 2, vol. 1, mars, pp. 195-239

[8Nesbitt (L. M.) [1934], Desert and forest. The exploration of Abyssinian Danakil, London, Jonathan Cape, 449 p.
Wiflred Thesiger (The Danakil Diary : Journeys Through Abyssinia 1930-34. Harper Collins Publishers, London, 1996, traduit en français : Carnets d’Abyssinie, Paris, Hoëbeke, 2003, 270 p.) parcourt la même région près de dix ans plus tard.

 

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